Pour le Pr Ahmad Awada, chef de département d’Oncologie et directeur du Cancer Chirec Institute, l’oncologie n’est pas seulement dans une évolution favorable. Elle est plutôt en révolution à tous les points de vue. Dans cette newsletter, nous nous focaliserons sur les traitements.
« Il est vrai que l’incidence des cancers solides est en augmentation, en partie à cause du vieillissement de la population, mais la mortalité diminue, et ce pour plusieurs raisons : le dépistage, la multidisciplinarité, mais aussi l’évolution des traitements », pose d’emblée le Pr Awada, qui a eu la chance de suivre cette évolution au fil de sa carrière d’oncologue.
Thérapies ciblées et immunothérapie
La chirurgie et la radiothérapie restent bien sûr la base du traitement, mais on dispose désormais de tout un arsenal thérapeutique supplémentaire. « Les avancées réalisées au niveau de la technologie, l’informatique et la bio-informatique nous ont fait comprendre beaucoup mieux les différences entre cellules cancéreuses et cellules normales. Des médicaments spécifiques ont dès lors pu être développés pour altérer le fonctionnement biologique de la cellule cancéreuse, comme les thérapies biologiques ciblées, qui ont leur place dans le traitement de différentes tumeurs solides », rapporte le Pr Awada. « Chez des patients métastatiques, ces thérapies biologiques ciblées ont permis d’augmenter la survie avec une qualité de vie correcte. Pour les cancers diagnostiqués au stade précoce, ces innovations ont permis de guérir plusieurs patients ».
Autre grande avancée dans le traitement du cancer : l’immunothérapie, qui consiste à stimuler l’immunité des patients pour attaquer leur tumeur. Cette modalité de traitement a permis de réaliser des progrès majeurs dans plusieurs cancers : poumon, sein, rein, …
Chimio ciblée, radioligands, vaccins, …
Et la science ne s’est pas arrêtée là. « Depuis peu, nous avons la chance d’avoir encore deux nouvelles armes contre le cancer à notre disposition. Tout d’abord, nous avons assisté à l’avènement de la chimiothérapie ciblée (c-à-d des anticorps conjugués), qui donne de très bons résultats dans plusieurs tumeurs solides », rapporte l’oncologue. « Ces traitements vont permettre de guérir davantage de malades et de prolonger la vie de patients métastatiques.»
Ensuite, la radiothérapie par radioligands, c’est-à-dire de la radiothérapie administrée sur la cellule tumorale directement, est désormais aussi disponible. « On développe des vecteurs couplés à des isotopes injectés par perfusion dans le sang des malades. Ces protéines liées à l’isotope vont aller directement dans la cellule tumorale et vont irradier la cellule tumorale sur place. Ils ont une place de choix dans les cancers neuro-endocriniens, les cancers de la thyroïde, de la prostate, … », relève Ahmad Awada.
Enfin, le Pr Awada nourrit beaucoup d’espoirs dans l’arrivée de vaccins contre le cancer du poumon et le mélanome et d’autres tumeurs solides.
Une organisation qui va devoir s’adapter
Au vu de ces différentes innovations thérapeutiques, l’oncologue estime qu’il ne suffit plus de parler d’évolutions, mais bien de révolution thérapeutique, ce qui va avoir des répercussions sur l’organisation de nos hôpitaux. « L’hôpital de jour va prendre de plus en plus de place. Il y aura de plus en plus de survivants, qui devront être suivis médicalement et pour de nombreuses années. Ceci nécessitera que des médecins se spécialisent dans la prise en charge des effets secondaires liés à ces traitements », commente le Pr Awada.
Le Chirec s’inscrit clairement dans cette mouvance. Il est en train de développer une unité de recherche clinique qui va permettre aux patients d’entrer dans des études cliniques avec ce type d’innovations thérapeutiques, et donc d’accéder très tôt à de nouveaux traitements médicaux car il y a toujours un grand laps de temps entre le développement d’un médicament actif et sa disponibilité sur le marché belge.
