Du neuf en chirurgie digestive sur le site de Ste-Anne St-Remi : un nouveau circuit patient pour la Clinique Anti-Reflux a été mis en place sur le site de Ste-Anne St-Remi, afin de simplifier la vie des patients en facilitant le parcours d’examens et la prise de rendez-vous.
Le reflux gastro-œsophagien est considéré comme une maladie moderne, car son incidence augmente avec l’évolution des modes de vie. Actuellement, on estime que 10 à 20 % de la population présente une forme symptomatique de reflux gastro-œsophagien. Dans certains pays, ce pourcentage atteint 20 à 30 %. En France, environ 7 millions de personnes en sont affectées.
À l’heure actuelle, les IPP (Inhibiteurs de la Pompe à Protons) sont parmi les médicaments les plus prescrits au monde. Ils constituent une solution efficace pour traiter les symptômes liés au reflux gastro-œsophagien.Cependant, une forme non traitée ou sévère peut entraîner des complications locales (au niveau de l’œsophage) ou extra-œsophagiennes. Ces complications surviennent chez environ 20 à 30 % des patients symptomatiques et varient en gravité. Parmi elles :
- œsophagite érosive ou ulcérée, pouvant évoluer vers un œsophage de Barrett ;
- risque d’adénocarcinome de l’œsophage (0,5 % des patients atteints d’un œsophage de Barrett) ;
- manifestations respiratoires ou troubles ORL chroniques.
Les risques liés au traitement prolongé par IPP
Une question importante se pose : le traitement au long cours est-il réellement sans danger ?
Les études récentes montrent qu’un usage prolongé peut exposer les patients à plusieurs risques avérés :
- Augmentation du risque de cancer gastrique
- Atteintes rénales (ex. néphrite interstitielle)
- Troubles nutritionnels (mauvaise absorption de la vitamine B12 ou du calcium)
- Risques intestinaux (infections à Salmonella ou Campylobacter)
- Risques neurologiques et cardiaques
Les conséquences d’un reflux non traité
- Un reflux gastro-œsophagien non pris en charge peut avoir :
- un impact sur l’activité physique (brûlures, régurgitations limitant l’exercice et l’alimentation, favorisant prise de poids ou malnutrition) ;
- un impact psychologique (anxiété, peur des crises, dépression) ;
- un impact émotionnel (baisse de confiance en soi) ;
- un impact social et professionnel (absentéisme, évitement des sorties ou repas, isolement).
Pour les patients sélectionnés présentant une mauvaise qualité de vie et une réponse insuffisante aux IPP, la chirurgie de réparation hiatale demeure une option efficace.
Le nouveau Circuit Patient de la Clinique Anti-Reflux
« Un Circuit Patient pour la Clinique Anti-Reflux a donc été mis en place sur le site de Ste-Anne St-Remi afin de simplifier la vie des patients concernant les examens et la prise de rendez-vous », explique le Dr Cimpean, chef du service de chirurgie digestive. « Dans le cadre du bilan préopératoire, nous avons besoin d’une collaboration entre gastro-entérologue, radiologue, diététicienne et chirurgien digestif. Le service ORL intervient également lorsque nécessaire », précise-t-il.
Le rôle de chaque spécialiste
- Radiologues : réalisent les examens dynamiques (transit œso-gastro-duodénal) pour visualiser le reflux ou une hernie hiatale, ainsi que des CT-scans abdominaux pour les cas complexes.
- Gastro-entérologues : réalisent la gastroscopie et les biopsies pour identifier les anomalies du tube digestif supérieur, ainsi qu’une manométrie œsophagienne pour évaluer la motilité. Dans certains cas, une pH-métrie est nécessaire. Grâce au Dr Mohammed El Hamdi et au Dr Joseph Makhlouf, avec le soutien de la Direction Médicale (Dr Anne Fostier), les manométries et pH-métries œsophagiennes seront prochainement réalisables directement à Ste-Anne St-Remi.
- Diététicienne : accompagne les patients en pré- et post-opératoire. Pour ceux qui ne relèvent pas d’un traitement chirurgical, elle adapte l’alimentation afin d’améliorer leur qualité de vie.
- Chirurgien digestif : intervient lorsque le traitement chirurgical est indiqué.
- ORL : impliqué en cas de symptômes ORL associés (otites, pharyngites ou laryngites chroniques liées à l’irritation acide).
Une prise de décision concertée
Une fois le bilan réalisé, les cas sont discutés en réunion pluridisciplinaire afin de respecter les recommandations et de poser soit une indication opératoire, soit une prise en charge médicale.
Si aucune indication chirurgicale n’est retenue, le patient est suivi en gastro-entérologie et en diététique. Il bénéficie d’un accompagnement régulier par des spécialistes dédiés, car une intervention peut devenir nécessaire ultérieurement.