Sepsis: une urgence vitale souvent négligée

Le sepsis résulte d’une réponse inappropriée de l’hôte à une infection, menant à un florilège de dysfonctions d’organes, dont l’insuffisance circulatoire, ou choc septique, l’insuffisance respiratoire et l’insuffisance rénale sont les plus fréquentes. Le sepsis représente environ 10% des admissions dans un service des soins intensifs. Le sepsis est devenu la première source de dépense hospitalière pour les hôpitaux américains. La mortalité reste élevée même si de grands progrès ont été faits. Une prise en charge rapide et efficace du sepsis permet d’en diminuer la mortalité.
Reconnaissance du sepsis 
Présence d’une infection ou suspicion d’une possible infection (basée sous température voire hypothermie, leucocytose ou leucopénie, CRP élevée, ….). Dans certains cas complexes, le diagnostic d’infection n’est fait qu’en présence d’une dysfonction d’organe et d’un tableau hémodynamique compatible avec celui d’un sepsis.
-Tachycardie
-Hypotension artérielle avec pression artérielle systolique <100 mmHg
-Tachypnée
-Altération de conscience. Celle-ci est souvent subtile, confusion, agitation voire légère somnolence. Le coma est rare et la présence d’une latéralisation doit faire penser plutôt à un problème neurologique princeps.
-Altération de la perfusion cutanée : l’examen de la peau est crucial. On peut constater la présence d’une acrocyanose, surtout périunguéale, d’un ralentissement du pouls capillaire (un temps de recoloration de la pulpe digitale >4 sec après compression de celle-ci), de marbrures (surtout au niveau des coudes et des genoux).
-Une oligurie. Une augmentation de la créatinine peut être possible mais celle-ci est en général un rien plus tardive.
Enfin, si une prise de sang est disponible, rechercher les signes d’acidose (bicarbonate abaissé et trou anionique augmenté, suggérant la présence d’une acidose lactique)
Prise en charge du sepsis 
La prise en charge du sepsis doit être rapide
Antibiotiques adaptés et précoces :
De très nombreuses études ont pu montrer que chaque heure de retard d’administration d’antibiotique depuis l’hypotension initiale est associée à une augmentation significative du risque de décès. Bien qu’il ne soit probablement pas souhaitable que le médecin de famille administre précipitamment des antibiotiques, il est par contre important de reconnaitre à domicile des signes cliniques compatibles avec le sepsis et d’envoyer sans trainer le patient vers un service d’urgences. Dès l’admission aux urgences celui-ci doit être pris en charge sans délai. Des prélèvements bactériologiques sommaires seront réalisés (hémocultures, urines et expectos si disponibles) et des antibiotiques seront administrés.
Support hémodynamique :
Celui-ci consiste principalement à l’administration précoce de 30 ml/kg de crystalloides (NaCL 0.9% ou, mieux, d’une solution de Hartmann ou de Plasmalyte). Par la suite l’administration subséquente de perfusion liquidiennes, voire d’agents vasopresseurs ou inotropes positifs, se fera sur l’évaluation répétée des signes d’hypoperfusion et de diverses mesures hémodynamiques.
On l’aura compris, le sepsis est une vraie urgence malheureusement encore trop souvent négligée. Deux événements majeurs ont été organisés pour améliorer sa prise en charge et  sa (re)connaissance par le grand public et les professionnels de la santé.

Dr Daniel De Backer chef du Département Médecine Aigüe (Hôpital de Braine l’Alleud-Waterloo – CHIREC)

>Surviving Sepsis Campaign
Campagne mise en route en 2002 sous l’impulsion de la Société Européenne de Soins Intensifs (ESICM) et la Société Américaine de Soins Intensifs (SCCM). Réalisation de guidelines, régulièrement mises à jour. Elaboration de lignes de traitement (« bundles ») consistant en quelques points à observer dans la prise en charge thérapeutique précoce du sepsis. L’application de ces guidelines a permis de diminuer la mortalité du sepsis ces dernières années.
>World sepsis Day (13 septembre 2015)
Depuis quelques années, des actions multiples sont organisés de par le monde afin d’ouvrir les yeux du public (grand public et médical) sur la réalité du sepsis.