Douleurs, thérapie, chirurgie: quand peut-on avoir recours à l’hypnose?

L’hypnose, pratique ancestrale, collectionne les succès à l’hôpital. L’histoire pourrait se passer ainsi.
En consultation d’anesthésie: « Docteur, je vais être opéré de la thyroïde mais j’ai très peur de l’anesthésie générale. » Cette phrase, nous l’entendons très souvent lors de la consultation.
Vous pouvez imaginer la surprise du patient quand on lui propose de réaliser l’intervention sous hypnose et cela sans avoir recours à une anesthésie générale. Le succès de la prise en charge des patients par l’hypnose est tel que les soignants multiplient  les demandes de formation à cette technique.
Mais de quoi s’agit-il ?
D’une plongée dans notre monde intérieur. En état d’hypnose, le patient diminue l’activité du réseau complexe de transmission de la douleur. Ce phénomène a pu être largement étudié et démontré en utilisant les techniques de neuro imagerie.
Comment se définit l’état d’hypnose : « entrez dans la transe »
C’est une expérience subjective qui pourrait être décrite comme un état de conscience modifiée, une sorte de pilotage automatique de l’esprit. Cette plongée en eaux intérieures permet d’abaisser les mécanismes de défense, et de modifier la perception douloureuse.
Quand peut-on avoir un recours à l’hypnose?
En thérapie, l’hypnose permet de traiter efficacement l’angoisse, les addictions, le stress, stress post-traumatique, les troubles sexuels. En chirurgie, l’hypnose est entrée par la grande porte dans les blocs opératoires, la maternité et au service des grands brûlés. L’étude de satisfaction des patients hypnotisés est souvent très élevée et les suites opératoires sont bien meilleures.
Les conditions d’obtention de la transe hypnotique nécessitent une salle d’opération au calme. C’est très apaisant pour l’ensemble de l’équipe, et il est parfois très amusant de constater que le chirurgien adopte la même transe que le patient ce qui ne gêne nullement le bon déroulement de l’intervention.
Douleur aiguë
L’hypnose peut être utilisée pour diminuer l’anxiété et la douleur. Elle est particulièrement efficace pour la prise en charge des patients polytraumatisés.
Douleur chronique
Le champ d’action est infini, il dépend de la relation créée entre le patient et le thérapeute. L’hypnose permet d’éviter ou de diminuer la prise de médicaments et peut-être enseignée et utilisée par le patient  sous forme d’auto hypnose.
Pédiatrie
Les enfants par leur plasticité cérébrale sont extrêmement réceptifs à la suggestion hypnotique.
Avec un peu d’expérience pratique les résultats sont étonnants. Cela permet bien souvent de procéder à la réalisation de gestes invasifs avec un grand confort pour le petit patient.
L’accompagnement
L’hypnose est un outil formidable pour l’accompagnement de patients atteints de cancer ou hospitalisés en soins palliatifs.
Pour conclure
Amis lecteurs, je vous propose de vous installer confortablement dans votre meilleur fauteuil, et de mettre pour quelques instants en suspend votre agenda surchargé. Je vous propose de prendre le temps de quelques respirations lentes et calmes et d’observer avec plaisir votre corps qui prend naturellement sa position la plus confortable.
Appréciez l’air qui s’écoule comme une rivière tranquille de vos narines jusqu’à vos poumons réchauffant ainsi tout l’oxygène nécessaire pour votre corps. Tamisez la lumière en laissant vos paupière s’abaisser avec une légère lenteur. Remarquez vos muscles qui se détendent de haut en bas ou de bas en haut cela n’a pas d’importance. Prenez tout naturellement le temps pour être prêt à laisser votre esprit inconscient vous accompagner mains dans la main vers un lieu très agréable.
Voilà ce temps est votre temps une seconde d’éternité et je vous propose quand vous en aurez pleinement profité de compter jusqu’à dix pour revenir ici et maintenant dans votre fauteuil, dans votre bureau, tout est terminé.

Dr. Valéry Macquaire – Clinique du Parc Léopold (Chirec)
> Pour ceux qui sont intéressés par l’apprentissage de l’hypnose : cfr www.hypnose.ulg.ac.be
Marie-Elisabeth Faymonville, Anesthésiste-réanimateur, dirige, depuis 2004, le Centre de la Douleur et participe activement, comme médecin référent, à l’Equipe Mobile de Soins Palliatifs du C.H.U. de Liège.

> L’hypnose, une histoire mouvementée
1773: Franz Anton Messmer, médecin allemand publie une thèse sur le magnétisme animal.
1843 : James Braid, médecin écossais, en référence au dieu grec du sommeil, introduit le mot hypnos.
1882-1890 : Jean-Martin Charcot et Hippolyte Bernheim, deux neurologues français, développent scientifiquement l’hypnose thérapeutique.
1890 : L’hypnose est introduite à Vienne par Freud puis abandonnée au profit de la psychanalyse.
1930 : Milton Ericsson, psychiatre américain, atteint de poliomyélite utilise l’hypnose sur lui-même pour modifier ses perceptions douloureuses. Il est à l’origine du formidable essor de l’hypnose à partir des années 50.