Une tablette pour soulager la douleur des enfants pendant les soins (vidéo)

La clinique Sainte-Anne Saint-Rémi  innove en lançant une application sur tablette qui permet  de soulager la douleur perçue lors d’interventions médicales pratiquées sur de jeunes enfants.

Laurent Jérôme, porteur du projet et infirmier dans le service anesthésie de la clinique explique : « Avec le service en collaboration avec l’hôpital universitaire des enfants et la société informatique vr4smile, on a créé un programme informatique sur tablette qui permet de distraire les enfants pendant les soins. Mais pas seulement! C’est un programme qui permet aussi de réinterpréter la sensation douloureuse. L’enfant à travers la webcam voit le lieu de soins et peut ajouter des éléments virtuels qui sont positifs pour lui. Par exemple il peut arroser ses pieds ou un autre endroit douloureux pour le soulager, c’est sur le principe de la suggestion hypnotique »

VR4Smile. Une application ludique pour soulager la douleur des enfants hospitalisés

Une approche innovante mais aussi efficace ! Une étude a été réalisée à l’hôpital universitaire des enfants, sur base d’un groupe « randomisé » de 60 enfants. Une partie du groupe bénéficiait d’une distraction traditionnelle et l’autre bénéficiait du programme. Les enfants ont été « mélangés » pendant des prises de sang et les promoteurs du projet ont constaté une diminution de 50 à 60% de la douleur ressentie chez les enfants. De la même manière, une diminution importante du temps de pleurs a été constatée de manière objective. Les enfants pleurent moins lorsqu’ils jouent d’une façon active et quand ils sont en relation avec l’environnement.

Enfin, une diminution de la contention pendant les soins a également été observée. Lorsqu’un soin se passe mal où lorsque l’enfant a peur, les soignants doivent maintenir l’enfant immobile et cela peut être perçu comme une agression, ce qui est traumatisant. Avec l’application, il y a une diminution de 43% de la contention sévère, avec obligation de maintenir l’enfant « fermement ».

« D’une certaine manière, il faut que l’enfant soit distrait pendant l’intervention parce que le cerveau a des capacités limitées. Au lieu d’être focalisé entièrement sur la douleur, il va consacrer une partie de ses ressources pour le jeu et une partie seulement pour la douleur, ce qui va en réduire la perception. D’un autre côté, l’enfant soit aussi être connecté à ce qui se passe, ce qui lui permettra de développer des stratégies de « coping », permettant de faire face à la douleur. Il a besoin de récupérer des éléments dans son environnement pour pouvoir lui-même gérer son stress. On le met donc dans une position très active par rapport à sa prise en charge de la maladie. Le principal bénéfice est de travailler sur la mémorisation de l’acte surtout chez les enfants en bas âge. Ils ont des capacités de symbolisation qui sont moins évoluées qu’un adulte. Le langage est là, mais pas encore tout à fait présent et il a du mal à exprimer ce qu’il vit. Chaque élément un peu difficile risque ainsi de devenir un traumatisme pour l’enfant. On peut parler carrément de stress post-traumatique dans certains cas et on peut arriver à des situations de phobie des soins, qui peuvent perdurer tout au long de la vie » explique Laurent Jérôme.

Le fait de permettre à l’enfant de réinterpréter l’acte douloureux, en l’accompagnant dans sa symbolisation, en lui proposant des outils visuels, tactiles et langagiers, lui permet de mettre des mots sur ce qu’il éprouve, sur sa douleur, son anxiété et ainsi de les dépasser. Les enfants vont alors développer certaines compétences. Ils seront plus « compliants » et prendront en charge de façon plus autonome et appropriée leur santé en vieillissant.

Une approche basée sur l’utilisation des « serious games  » de plus en plus utilisée dans le domaine médical. Une spécialité parfaitement maîtrisée par la société belle productions qui en collaboration avec vr4smile ont développé cette application.

Il y a pas mal de centres qui sont intéressés par l’utilisation de la distraction, des serious games. Il y a aussi toute une littérature qui commence à voir le jour. On travaille en collaboration avec le CHU de Strasbourg, la Croix Rouge française, c’est dans l’air du temps » conclut Laurent Jérôme.

(source AWT )