15 ans de multidisciplinarité au Chirec Cancer Institute (CCI) révolutionnent la qualité en oncologie

Fini le temps où le traitement était décidé par un seul médecin : encore dans les années nonante, un patient avait une plus grande probabilité d’être traité par de la chirurgie, de la radiothérapie ou par de la chimiothérapie en fonction du spécialiste qu’il consultait !

Le KCE, Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé, vient de publier un bilan sur 10 années de Concertations Oncologiques Multidisciplinaires (COMs), financées par l’INAMI depuis 2003 : réunissant les divers professionnels de santé, médecins et non-médecins, ces Concertations ont pour objet de discuter les dossiers de patients de façon pluridisciplinaire.

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Le Chirec Cancer Institute (CCI) fête, lui, 15 années de COMs. Les premières COMs du Chirec ont vu le jour en 1999. Aujourd’hui, le CCI organise plus de 30 COMs par mois, qui discutent globalement de plus de 2.000 dossiers par an : tous les spécialistes du cancer y participent activement, atteignant régulièrement le nombre de 25 ou 30 en une seule séance !

Fort de cette expérience, le CCI, par la voix de son Directeur, le Prof. Thierry Velu, souhaite faire des recommandations allant plus loin que le KCE.

Rendre les COMs OBLIGATOIRES

Le CCI estime que chaque patient a DROIT de bénéficier d’une concertation pluridisciplinaire de leur dossier médical. C’est la raison pour laquelle, dès 2008, le CCI a rédigé une Charte de Qualité, signée par tous les professionnels de santé, dans laquelle ces derniers s’engagent à mettre en discussion TOUT NOUVEAU PATIENT atteint de cancer, ou suspect de l’être. En mars 2010, adressant une lettre au Prof. Thierry Velu, Directeur du CCI, l’Ordre des Médecins, par la voix du Dr J.-P. Barroy, Président du Conseil du Brabant, écrit: « le Bureau, non seulement donne un avis favorable quant à la proposition de la signature de cette charte par l’ensemble des soignants des patients du CHIREC et de SARE atteints de cancer, mais également fait part de ses plus vifs encouragements en ce qui concerne cette initiative ».

Discuter des dossiers en COMs AVANT toute chirurgie

Au-delà du plan thérapeutique du patient, les discussions en COMs devraient systématiquement débuter avant la chirurgie, car régulièrement les recommandations internationales définissent diverses situations cliniques où la survie des patients, ou leur qualité de vie, est améliorée si un traitement médical est administré avant toute chirurgie (approche néo-adjuvante). Pour aller plus loin, il est même recommandé de discuter de la stratégie diagnostique qui sera utilisée pour confirmer un diagnostic de cancer (par exemple, ponction, biopsie, exérèse, chirurgie plus agressive, ou au contraire simple suivi).

Convaincu de cet intérêt d’étendre l’accès aux COMs beaucoup plus tôt dans le trajet de soins, le CCI a voulu que ces réunions fournissent des recommandations sur les procédures diagnostiques à suivre, sur le plan de traitement et de suivi. A cette fin, le CCI a inclus dans sa Charte de Qualité un engagement des médecins à présenter tous leurs patients atteints d’un cancer, ou suspects de l’être, AVANT tout traitement. 170 médecins du Chirec ont signé la Charte du CCI à ce jour.

Tenir des COMs « SPECIALISEES »

Afin que les meilleurs spécialistes participent aux COMs, le CCI insiste sur l’organisation de COMs « spécialisées », par opposition aux COMs « générales ». Ainsi, une COM dédiée à un secteur oncologique donné permettra une prise en charge de plus grande qualité qu’une COM générale : par les sujets spécialisés qui y seront traités, elle stimulera la participation de tous les spécialistes concernés, et permettra une discussion plus approfondie du dossier clinique. A titre d’exemple, la Clinique du sein du CCI a été choisie comme unité pilote évaluée par le Ministère de la Santé Publique dans le cadre de la convention « Coordination Qualité et Sécurité des Patients ». 2 des 11 indicateurs de qualité retenus sont précisément : « la part des femmes souffrant d’un cancer du sein dont le cas a été discuté en COM avant tout traitement » et « la part des COMs auxquelles sont discutés les cas des patientes atteintes d’un cancer du sein qui ne sont dédiées qu’au cancer du sein. »

Développer des COMs en TELECONFERENCE afin d’y intégrer le médecin généraliste

Idéalement, pour tout patient qui fait l’objet d’une concertation en COM, il faudrait associer le point de vue de son médecin traitant, qui le connaît le mieux, à celui de tous les spécialistes présents. Actuellement les médecins traitants sont les grands absents des COMs, principalement pour des raisons de manque de temps. A cette fin, l’utilisation de vidéoconférence, comme suggéré dans le récent rapport du KCE, semble être une opportunité. Ce système fonctionne au CCI depuis 6 ans, ce qui permet la collaboration multi-sites systématique propre au Chirec. Nous envisageons d’ouvrir ce système aux médecins extérieurs, en particulier aux médecins traitants, afin de garantir une prise en charge globale optimale que le CCI veut offrir à tous les patients atteints de cancer.