Stretta ou le traitement du reflux gastro-œsophagien par radiofréquence

Le reflux gastro-œsophagien, définie en tant que maladie chronique, concerne 10% de la population occidentale. Le traitement standard implique des conseils d’hygiène alimentaire et des médicaments qui réduisent la sécrétion acide parfois associés à un traitement améliorant la motricité oeso-gastrique.

La chirurgie (Fundoplicature selon Nissen par voie laparoscopique) est indiquée chez les non ou mauvais répondeurs au traitement médical, ceux qui ont une volumineuse hernie hiatale fixée, et enfin, ceux qui ne souhaitent pas un traitement médical de longue durée, sinon à vie. D’autant plus que des études de plus en plus nombreuses évoquent des effets secondaires potentiels, parfois sérieux.

La chirurgie donne, entre des mains expertes, des résultats satisfaisants puisque 77 à 81 % voient la résolution de leur reflux et que 90 % voient l’œsophagite ou les symptômes de reflux disparaître. Hélas, 21 à 30 % de patients présentent des troubles d’aérocolie (bloating syndrome) ou de colopathie et près de 15 à 20% un lâchage de suture 7 à 10 ans après la chirurgie surtout s’il y a une prise de poids significative.

Des alternatives « minimally invasive » se sont développées avec des résultats variables (EndoCinch, Entryx, Esophyx… et récemment la procédure Stretta nouvelle formule).

Au sein de ces colonnes, j’avais parlé de notre expérience avec Esophyx au Chirec.

Récemment, nous avons été parmi les premiers à tester la Radiofréquence par Stretta dont l’avantage est sa simplicité d’emploi.

Le traitement est endoscopique. Grâce à un générateur avec un cathéter de 4 aiguilles implantées dans le muscle, on délivre au cardia et dans son environnement immédiat une radiofréquence de basse intensité.

Sans avoir une compréhension précise de son mode d’action et sachant toutefois que la radiofréquence induit une contraction du collagène, on observe après traitement par Stretta une amélioration de 72 à 76,7% des œsophagites, du pyrosis et du besoin de médication. Ces résultats semblent persister après 8 ans et sont donc proches des résultats chirurgicaux.

Stretta pourrait donc représenter une alternative peu invasive et relativement facile d’emploi.

La technique est applicable à tout patient présentant un reflux pathologique avec un cardia incontinent ou une hernie hiatale ne dépassant pas 2cm.                                                                                                      Comme pour les autres approches thérapeutiques, les troubles de motricité œsophagienne sont exclus.

Les complications avec le nouveau Stretta sont mineures (fièvre post technique, abrasion de la muqueuse traitée, douleurs rétrosternales, une ulcération superficielle de l’œsophage, une dysphagie transitoire et une hypotension). Toutes ces complications ont été transitoires et aucune n’a nécessité une intervention chirurgicale.

Les études au long cours (plus de 1.400 patients) ont démontré la fiabilité de la technique, son efficacité, sa facilité d’emploi et son coût modéré par rapport à la chirurgie. Il faut toutefois tenir compte qu’en Belgique, la technique est reconnue par l’Inami mais pas encore remboursée.

Nous ne sommes que quelques-uns aujourd’hui à pratiquer la Radiofréquence en Belgique.

Au Chirec, nous ne pouvons parler au long cours mais actuellement 6 patients sur 7 ont complètement arrêté leur traitement médical depuis plus de 12 mois.

En conclusion, la nouvelle technique Stretta par Radiofréquence représente, certainement, une technique d’avenir. Elle est simple, peu agressive, quasi indolore et donne d’excellents résultats à cours, moyen et long terme. Elle ne contrindique pas la chirurgie en cas d’échec. Elle doit certainement être envisagée devant tout patient réfractaire au traitement médical ou ne désirant pas poursuivre un traitement médical à vie et dont la hernie hiatale ne dépasse pas 2 cm de hauteur.

Dr Amin Rajan, gastro-entrologie, Clinique du Parc Léopold