En mars, le Chirec Cancer Institute se drape de bleu pour sensibiliser au dépistage du cancer colorectal

Le cancer colorectal est fréquent : il est le troisième cancer chez l’homme et le deuxième chez la femme. 94% des cancers colorectaux surviennent après 50 ans.

9 cancers colorectaux sur 10, détectés précocement, peuvent être guéris. Les facteurs de risques sont une alimentation riche en viande rouge et pauvre en fibres, l’alcool, le tabac et la sédentarité.

Dans la population à risque moyen, asymptomatique et sans antécédent particulier, le dépistage du cancer colorectal (CCR) est conseillé entre 50 et 74 ans. Actuellement, le standard est de proposer un test immunologique pour rechercher la présence de sang dans les selles. Il a l’avantage de ne nécessiter qu’un seul échantillon. Il est simple, rapide et peut être réalisé au domicile. Il est plus sensible que l’Hemoccult, proposé précédemment. En cas de positivité, une coloscopie sera réalisée. Ce test est efficace en terme de dépistage de masse et réduit la mortalité liée au CCR mais pas son incidence.A titre individuel, la coloscopie reste le meilleur moyen de dépistage, permettant également une réduction de l’incidence du CCR par l’éradication des lésions précancéreuses (polypes).

Les patients à risques élevés (antécédent familial ou personnel de cancer colorectal ou d’adénome, ou antécédent de maladie inflammatoire du tube digestif) et les patients à risques très élevés (antécédent familial de cancer colorectal héréditaire) doivent faire une coloscopie systématique.

Le cancer colorectal, tout comme tous les cancers, est une maladie génétique, résultant de l’accumulation de mutations. Dans 90% des cas, ces mutations sont limitées aux cellules cancéreuses : il n’y a alors aucune transmission héréditaire de mutation : on parle de cancers somatiques.

A l’opposé, dans 10% des cancers colorectaux, une mutation est transmise de façon héréditaire, par les cellules germinales : on parle de cancer héréditaire. Les plus fréquents sont la polypode familiale et le syndrome de Lynch ou HNPCC.

La polypose familiale (FAP)  représente 1% des cancers colorectaux et correspond à la transmission autosomique dominante d’une mutation du gène APC. Elle se manifeste par de nombreux polypes dans le colon, souvent plus de 100.

Le syndrome de Lynch (HNPCC, ou Cancer Colorectal Héréditaire Non Polyposique), également transmis de façon autosomique dominante,  représente 1 à 3% des cancers colorectaux. Il s’agit de mutations affectant un des gènes MLH1, MSH2, MSH6 ou PMS2 qui codent pour des protéines impliquées dans le système de réparation des erreurs de réplication de l’ADN (MMR, ou Mismatch Repair). Ces mutations sont toujours associées a une instabilité de microsatellites (status MSI), qui sont polymorphiques, caractérisés par de courtes séquences d’ADN constituées de répétition d’un court motif, de une à quatre bases.

Dans le syndrome de Lynch, on retrouve une association avec d’autres cancers, de l’endomètre, de l’estomac, de l’intestin grêle, des voies urinaires, des ovaires, du cerveau et des voies biliaires. Le diagnostic clinique peut se faire sur base des critères d’Amsterdam 2 :

  • ≥ 3 parents atteints d’un des types de cancer retrouvé dans le syndrome de Lynch (voir ci-dessus)
  • un de ces parents est uni aux deux autres par un lien de parenté au premier degré
  • 2 générations successives sont atteintes
  • au moins un patient est atteint avant l’âge de 50 ans.

Lorsqu’un syndrome de Lynch est suspecté, on va rechercher la présence d’une instabilité de microsatellites sur la tumeur. En cas de status MSI, un test immunohistochimique simple et peu couteux, toujours réalisé sur la tumeur, permet de mettre en évidence les mutations sur les protéines codées par les gènes du MMR. Si ces mutations sont confirmées, une prise de sang sera nécessaire pour l’analyse génétique .

Chez les patients identifiés, la coloscopie est conseillée tous les deux ans dès l’âge de 20-25 ans. Il est également recommandé de faire un examen gynécologique dès l’âge de 30 ans.

En résumé, il faut suspecter un cancer colorectal héréditaire, non polyposique (syndrome de Lynch), lorsqu’un cancer colorectal survient chez des patients jeunes, surtout lorsque ce dernier survient au niveau du colon droit, avec antécédents de cancers liés au syndrome de Lynch dans la famille, en particulier au niveau de l’endomètre.

Dr Sandrine Roland
Coordinatrice de la Clinique d’Oncologie Digestive du CCI

Pr Thierry Velu
Directeur du Chirec Cancer Institute (CCI)

 

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