Prendre en charge la douleur autrement

La Clinique de la douleur de la Clinique du Parc Léopold propose une approche innovante de la prise en charge de la douleur. Une interview du Dr A. Mazic de Sonis, et du Dr L. Fodderie.

C’est en 1992 que le Dr Fodderie, anesthésiste, et le Dr Mazic de Sonis, médecin algologue, ont initié un véritable pôle de prise en charge de la douleur chronique. « Nous avons choisi, dès le départ, de proposer une évaluation multimodale, selon le modèle bio-psycho-social, en intégrant des recherches émergentes telles que la nutrition et l’acupuncture. La physiologie générale et le métabolisme du médicament sont ainsi évalués de façon spécifique. Ceci nous permet de mettre en place des stratégies thérapeutiques individualisées, associant gestes anesthésiques, neuromodulation, radiofréquence à une gestion optimisée des diverses stratégies médicamenteuses et non médicamenteuses. »

Cette approche est celle de la « pain medecine »intégrative, définie comme l’intégration de toutes les stratégies et disciplines en soins de santé y compris les CAM (médecines complémentaires et alternatives) avec un focus sur les aspects préventifs et la minimisation de la maladie (1). Comme le souligne le Dr Mazic, « ses principales caractéristiques sont, entre autres, l’intégration d’aspects préventifs, le fait que le patient soit au centre du processus de soins et acteur participant de sa revalidation dans cette multimodalité thérapeutique.

La douleur chronique entraîne une modification de certains paramètres chronobiologiques tels que le rythme jour/nuit, les habitudes alimentaires, la vie sociale, etc. Des travaux en neuroscience, en neuroendocrinologie, en fMRI et une sélection d’études cliniques ont mis en évidence la validité d’une approche clinique multimodale incluant l’acupuncture, même si les sélections EBM limitent parfois le champ d’évaluation clinique intégrant l’acupuncture. Dans cette approche, une réponse thérapeutique rapide est observée au niveau de paramètres comme le sommeil, la fatigue, la modulation antalgique et le sevrage médicamenteux ».

Une autre particularité de la Pain Clinic de la CPL est depuis plus de 20 ans l’association aux traitements médicamenteux, anesthésiques et de neuromodulation d’une adaptation nutritionnelle préventive et curative dans la prise en charge de la douleur.

« En effet, on modifie la chimie de l’organisme chaque fois que l’on mange. Les choix alimentaires peuvent moduler le statut inflammatoire. Un excès d’inflammation augmente les lésions tissulaires provoquées par les radicaux libres et gêne les mécanismes de guérison », explique le Dr Mazic. D’autre part, des déficits nutritionnels spécifiques peuvent être associés à la douleur. Une étude réalisée à la Mayo Clinic a mis en évidence que des patients présentant une déficience en vitamine D prenaient deux fois plus d’opioïdes que les patients non déficients. « En outre, on en sait de plus en plus sur le microbiote intestinal dont l’équilibre peut jouer un rôle sur la santé. Des aliments industriels et des médicaments comme les IPP, les AINS, les antibiotiques, les stéroïdes et les hormones peuvent influencer négativement ce microbiote. Une évaluation nutritionnelle est donc importante dans la prise en charge de la douleur. »

Enfin, il faut souligner que la recherche clinique, en collaboration avec diverses universités, a une place importante dans cette clinique de la douleur, afin d’intégrer et faire la synthèse des stratégies émergentes.

Clinique de la douleur, CPL, Bâtiment B, Etage 3.Tel. +32 2 434 53 74

Référence
(1) http://iasp.files.cms-plus.com/FileDownloads/ClinicalUpdates/PCU_22-2_web.pdf