« RENCONTRES » du Chirec Cancer Institute (CCI) : Focus sur les tumeurs cérébrales

Le Chirec Cancer Institute (CCI) organise, depuis 5 ans, les « RENCONTRES » du CCI, réunion consacrée à un thème spécifique de la prise en charge quotidienne des patients atteints de cancer. L’objectif est de permettre aux médecins généralistes et aux spécialistes concernés de rencontrer les équipes hospitalières du CHIREC pour avancer ensemble vers une prise en charge pluridisciplinaire et continue des patients.
Les précédentes éditions des « RENCONTRES » ont été consacrées au cancer du sein, aux cancers de la peau et au mélanome, aux cancers gynécologiques et aux cancers urologiques. Elles ont connu un vif succès : en moyenne 200 médecins y ont pris part et ont apprécié les programmes présentant les progrès les plus récents en matière de dépistage, de diagnostic et de traitement.
Les RENCONTRES 2014 du CCI étaient intitulées : ENSEMBLE DANS LE MONDE DE LA NEURO-ONCOLOGIE : tumeurs cérébrales primitives, métastases cérébrales & rachidiennes.

Le choix de l’ouverture
Sous la Présidence d’Honneur du Pr Jacques BROTCHI, Neurochirurgien au CHIREC et à Erasme, des confrères de l’ULB ont rejoint les orateurs du Chirec, ainsi que le Pr Marc LEVIVIER, Chef du Service de Neurochirurgie du CHUV, Lausanne, Co-Directeur du Centre Universitaire Romand de Neurochirurgie et Directeur du Centre Gamma-knife du CHUV

Un rendez-vous devenu incontournable
195 participants, dont la moitié de médecins généralistes, sont venus pour 2/3 d’entre eux d’établissements ou cabinets extérieurs au CHIREC.

Des sujets d’actualité ont été présentés par la Clinique de Neuro-oncologie du CCI et ses invités
L’activité de la Clinique de Neuro-oncologie du CCI s’est très fortement développée : devenue un véritable Centre de traitement des tumeurs cérébrales, elle déménagera bientôt dans les nouveaux bâtiments de DELTA, tout comme le service de Radiothérapie auquel elle est intimement associée.

Focus sur les tumeurs cérébrales – Quelques extrait choisis

A t’on fait des progrès dans la connaissance de la cause des tumeurs cérébrales ?
…Le processus tumoral est relativement identique pour les différentes tumeurs cérébrales, comme pour toutes les tumeurs de l’organisme : le cancer résulte de la perte du contrôle de prolifération d’une cellule, suite à diverses mutations affectant le génome cellulaire, et de l’acquisition de diverses propriétés telle que sa propension à pouvoir infiltrer les tissus avoisinants, à induire la formation de néo-vaisseaux, et à envoyer des cellules à distance. Chaque tumeur a évidemment ses propres caractéristiques de cancérogenèse, avec des mutations qui varieront d’une tumeur à l’autre….

Quelle est la part des interactions génétiques impliquées dans les tumeurs cérébrales ?
Quels bénéfices doit-on espérer de l’étude de l’ADN tumoral sur le plan diagnostique et thérapeutique ?
…..Nous assistons à une réelle intégration des outils diagnostiques. L’analyse macroscopique des organes et de la tumeur permet de définir le stade tumoral, le degré d’envahissement de l’organe par la tumeur primitive, l’atteinte des ganglions via les voies de drainage lymphatique, le développement de métastases à distance. L’analyse microscopique des tissus et des cellules permet de définir le grade, à savoir le degré d’agressivité du processus tumoral. L’analyse immunohistochimique, qui étudie les protéines, en particulier leur niveau d’expression, et l’analyse par biologie moléculaire, qui étudie le matériel génétique (ADN et ARN) vont permettre d’établir des marqueurs biologiques qui vont fournir des informations utiles sur le plan diagnostique, pronostique et thérapeutique. Toutes ces données anatomopathologiques doivent absolument être intégrées aux données de l’imagerie.
…..L’analyse moléculaire va permettre de démontrer la présence de certaines mutations, comme la codélétion 1p/19q que l’on va retrouver dans 80% les oligodendrogliomes de grades II et II, mais pas dans les astrocytomes. La présence de cette mutation est une valeur pronostique puisqu’elle est associée à une plus longue survie et à une meilleure réponse à un traitement par chimiothérapie (PCV). Une autre mutation affectant le gène de l’isocitrate déshydrogénase, IDH1 et 2, se retrouve dans 80% des oligodendrogliomes et astrocytomes de grades II et III, ainsi que dans plus de 90% des glioblastomes secondaires : la présence de cette mutation est également associée à une survie plus longue des patients, et à une meilleure réponse aux traitements adjuvants, y compris la radiothérapie adjuvante. Enfin, des travaux récents ont également démontré qu’une méthylation du promoteur MGMT (O6-methylguanine-DNA méthyl transférase) permet de prédire une meilleure réponse à une chimiothérapie par Témozolomide (Témodal) dans les glioblastomes….

Comment ne pas rater le diagnostic des métastases cérébrales ?
….En fait, tout symptôme neurologique doit les faire suspecter. Elles peuvent se manifester sous forme de céphalées (40-50%), de déficits neurologiques focaux (20-40%), de troubles cognitifs (30-35%), d’épilepsie (10-20%), ou même d’accident vasculaire : une hémorragie peut notamment survenir au sein de la métastase (mélanome, choriocarcinomes, cancer du rein et de la thyroïde) : ces accidents vasculaires sont favorisés par un état d’hypercoagulabilité et/ou par une compression ou invasion des artères cérébrales…

Quelle est la part des thérapies ciblées et à qui s’adressent-elles ?
…L’évolution vers une médecine personnalisée peut se résumer comme suit : « Le bon médicament, à la bonne dose, pour la bonne tumeur, au bon moment » ! Les traitements sont « à la carte », et seront souvent différents pour deux patients qui se présenteraient au même moment avec des tumeurs apparemment assez similaires.

L’émergence des thérapies ciblées révolutionne l’oncologie depuis une dizaine d’année. Il s’agit de traitements qui ciblent des molécules jouant un rôle clé dans les processus de cancérogenèse, à l’opposé des chimiothérapies qui, le plus souvent, sont des agents antimitotiques, bloquant le cycle cellulaire, sans discernement entre cellule normale et cellule cancéreuse. Ces thérapies ciblées sont le fruit des efforts intenses de recherches menées depuis des décennies…

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