Réflexion : pourquoi les relations entre généralistes et spécialistes se grippent-elles?

Le Dr Jean Creplet, cardiologue à la City Clinic Chirec Louise se demande pourquoi la filière idéale généraliste-spécialistes – généraliste, autrefois bien huilée, inscrite sans pression autoritaire dans les gènes des médecins, se grippe-t-elle aujourd’hui ?

Les forces en cause dans la mutation des rapports entre généralistes et spécialistes

1° Des forces techniques
Beaucoup de patients s’adressent directement aux spécialistes, perçus comme mieux outillés. Mais à contrario, les polypathologies remettent la fonction de clinicien généraliste au premier plan.

2° Des forces culturelles et sociétales
L’heure est à l’autonomie, à la vie privée, au droit à l’information et aux décisions négociées. D’où le besoin de liberté de prendre plusieurs avis en cas de décision difficile, ce qui se comprend, mais d’où aussi la tentation du shopping médical qu’une bonne communication entre médecins peut limiter.

Côté professionnels, être à l’écoute des patients et discuter de leur cas demande un temps qui empiète sur d’autres activités nécessaires à d’autres malades, un temps souvent non rémunéré.

3° Des forces économiques
Chacun sait que la valorisation financière exerce ses contraintes. Elles sortent du cadre de cet article.

Les technologies de l’information : une chance à saisir

Ce qui était possible à l’ère du tout papier devrait être encore plus facile aujourd’hui. Par exemple :

  • Fournir au patient, chaque fois que nécessaire, les données à savoir par tout médecin. Un condensé de quelques lignes, maximum un écran, mais crucial.
  • Fournir au patient la liste des médicaments actuels et un historique pertinent.
  • Se fixer entre confrères des rendez-vous téléphoniques pour discuter des cas difficiles. Les fameux « ajustements mutuels » entre professionnels (Henry Mintzberg).
  • Encourager chaque spécialiste à participer à cette circulation de l’information.
  • Encourager les généralistes à la parachever pour leurs collègues et les patients.
  • Encourager les patients qui le justifient à avoir leurs données cruciales sur eux.

Ces petits moyens complètent les gros systèmes informatiques et rééquilibrent les choses grâce aux initiatives pratiques des acteurs du terrain. Ils n’exigent aucune mesure coercitive, mais notre seule volonté est de les mettre en œuvre.

Liberté et confiance, deux valeurs du Chirec
Un réseau comme le Chirec a une culture de liberté assortie de responsabilités pragmatiques tant pour les patients que pour les médecins et soignants. Une telle culture est un terreau particulièrement propice pour revivifier les rapports entre généralistes et spécialistes.

Mais invoquer la liberté et la responsabilité comme valeurs suppose aussi de se tenir à au moins deux commandements :

  • La liberté tu défendras, pour tout le monde également.
  • La confiance tu construiras en informant correctement.

Il y va de la crédibilité des médecins face au public mais aussi de leur capacité à se faire entendre des différents pouvoirs dont ils dépendent pour exercer leur métier.