La PMA du Chirec : depuis 30 ans à la pointe

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Cette année, le Centre de Procréation Médicalement Assistée (PMA) du Chirec fête ses 30 ans. A cette occasion, un colloque était organisé le 4 février dernier en clôture de deux semaines de sensibilisation sur la PMA. Un coup d’œil dans le rétroviseur et un regard sur ces limites qui ne cessent de reculer avec le Dr Romain Imbert, chef du service de PMA du Chirec.

Lors de ce congrès, ce fut d’abord l’occasion de rappeler que le centre de PMA du Chirec a toujours été un centre très avant-gardiste. « En 1978, le premier bébé issu d’une Fécondation In Vitro voyait le jour. Quelques années plus tard, en 1986, notre centre de PMA faisait de même. Nous avons la chance, entre autres, d’avoir dans notre équipe Pierre Vanderzwalem, biologiste, qui a connu les débuts de la PMA et qui a sillonné le monde entier pour aller développer des techniques révolutionnaires. Grâce à lui, nous pouvons nous targuer d’avoir été impliqués de près dans la mise au point de plusieurs techniques dont l’ICSI, les biopsies testiculaires ou encore la vitrification d’ovocytes », relate le Dr Imbert.

Aujourd’hui, le Chirec propose tout l’arsenal de techniques de la PMA, allant de l’insémination intra-utérine à la FIV/ICSI en passant par l’IMSI que peu de centres proposent. Cette dernière consiste à sélectionner de manière très précise les spermatozoïdes que l’on va injecter dans l’ovocyte. « Il s’agit d’une technique en pleine croissance que nous sommes parmi les seuls à proposer », commente le gynécologue. « Le Chirec permet aussi aux femmes de congeler leurs ovocytes afin de préserver leur fertilité lorsqu’elles sont confrontées à un cancer (oncofertilité) ou si elles n’ont pas encore trouvé l’homme avec qui elles souhaitent fonder un foyer (social freezing). »

Reculer les barrières de la PMA : jusqu’où ?
Lors du congrès, un débat a également eu lieu par rapport au récent avis du Comité de bioéthique quant au report de la limite d’âge pour la Fécondation in vitro de 47 ans et 364 jours à 50 ans. « Il faut savoir qu’après 43 ans, le taux d’accouchements avec les propres gamètes de la patiente n’est que d’environ 1%. Quand la presse épingle une star qui réussit à être mère à 50 ans, elle omet souvent de dire que c’est quasi tout le temps avec un don d’ovocytes. Il faut aussi être conscient des risques qu’une maternité à un âge avancé entraîne, notamment au niveau obstétrical », commente Romain Imbert.

Aux yeux du gynécologue, la prévention primaire est un sujet plus que jamais essentiel. « Il faut rappeler que la fenêtre de fertilité s’étend de 18 à 32 ans. Après 35 ans, la fertilité chute et après 40 ans, c’est le gouffre. Il est donc important de dire aux femmes de ne pas attendre trop longtemps pour concrétiser leur projet de grossesse. L’âge de la maternité ne cesse de reculer pour moult raisons. L’augmentation de l’âge maternel lors de la première grossesse est un véritable phénomène de société. De 26,5 ans en 1970, il est passé à 30 ans en 2010. A la maternité de Cavell, en 2011, 34% des mères avaient 35 ans ou plus. Or, l’impact de l’âge, tant pour la grossesse que lors de l’accouchement n’est pas à négliger ».

Et pas que chez la femme… Trop souvent, on pense qu’il n’y a pas d’âge pour devenir père. A tort ! « On l’oublie trop souvent, mais l’âge de l’homme intervient aussi. Il existe des études qui soulèvent des questions sur le devenir des enfants de papas âgés, notamment par rapport à l’autisme et à la schizophrénie », relève le Dr Imbert.

Des obstacles de plus en plus nombreux
Enfin, que ce soit lors du congrès ou durant les semaines de sensibilisation, le centre de PMA a une nouvelle fois insisté sur les facteurs en cause dans les échecs de conception naturelle et de PMA. « Que ce soit le tabac ou l’obésité, les chiffres sont catastrophiques et ont un réel impact sur les chances de succès de traitement en PMA », s’exclame Romain Imbert. « Quant à l’impact de l’environnement sur les chances de concevoir, il faudrait davantage d’études. Le lien par exemple entre exposition aux pesticides et diminution de la qualité du sperme a déjà été démontré à plusieurs reprises. Les perturbateurs endocriniens sont également de plus en plus montrés du doigt. Certes, nous pouvons donner de plus en plus d’espoirs aux patientes, mais hélas, les obstacles à la conception sont aussi de plus en plus nombreux ».